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casecoeur
7 décembre 2014

Casecoeur: l'arbre de vie

 

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Il est impossible de remonter le temps, mais le soir, alors que je ne dors pas, je regarde le ciel et je me souviens de mes jeunes années. Tout comme vous, j'en suis sur, elles illuminent ma mémoire, comme autant de soleils, pareils à ses étoiles qui font briller la voix lactée, elles scintillent dans nos yeux, alors qu'elles ne sont, peut-être, déjà plus là, elles sont comme un souvenir, un témoignage du passé.

  Après cette bataille, mémorable, de la guerre des cailloux, le soir venu, les héros sont fatigués, les armes sont rangées et c'est près de nos chères mères que l'on pense ses plaies. Leurs trucs, pour nous soigner, nous les petits guerriers, c'est le mijé au lait,  elles le servent bien frais avec quelques pierres de sucre, ils reposent sur des morceaux de pain dur, qu'on laisse gonfler, c'est un moment d'impatience ou je trépigne, devant la mollesse qu'à ce met à devenir mou, car outre le fait de vouloir vite ingurgiter mon bol rempli de quiétude comme une tendre tiédeur, j'attends de voir, mes vaisseaux, mes pierres de douceur, fondre et aller par le fond , je les aide bien souvent, avec ma petite cuillère, pourqu'il se libére de leur saveur, ce goût sucré, ce trésor, dont les enfants et pas qu'eux, raffolent et dévorent.

Souvent le soir, à la nuit tombée, tout le monde se rassemble, le feu dans la cour est allumé et tous ont une petite histoire à raconter, chacun parle à son tour et les autres écoutent, quelques fois le silence se fait et c'est le feu qui nous parle, il se plaint de partir en fumée. Un peu plus loin, à l'écart, l'oncle Morriss dépiaute le niglo (l'hérisson), il le vide, puis il l'embroche et le passe sur le feu, quelques fois on l'accompagne de pommes de terre que l'on glisse sous la braise, on les récupère après un moment puis on les déguste, pratiquement, tel quel. L'inconvénient du feu c'est l'odeur et dans les baraques il n'y a pas de douche, alors je ne vous raconte pas! bon bah si !  je vous raconte, si vous avez déjà croisé ce couple et ses enfants, cet homme et cette femme avec ces gamins, mais si, vous savez l'homme bedonnant avec sa petite moustache, à la turque, avec le teint halé d'un égyptien, la coiffure d'un italien, les yeux d'un indien, qui parle le ton grave, le romani "andalousien" du coté d'Agen et tout cela même au mois de janvier, sa femme le suit de pas très loin, vous pouvez aussi parfois la voir à l'entrée du magasin avec ses paniers d'osiers, qu'elle tient absolument à vous vendre, alors que, dans vos bras, vous en avait déjà un, énorme.

-achetez-moi un panier d'osier, monsieur! et vous de répondre,

-bah, j'en ai déjà un, madame, que je vous ai déjà acheté,

-bah, ça fait rien, ça t'en fera deux,

-bon! vu comme ça...

Si j'ai un conseil amical à vous donner, acheté à cette dame, selon vos besoins, un de ses paniers d'osiers, ils sont très beaux, solides et peuvent être décoratif et c'est gratifiant pour ses gens ou pour n'importe qui, de pouvoir vendre quelque chose que l'on a fait de ses propres mains.

Quand vous les croisez, les gens du voyage, s'ils respirent le grand air, ils sentent aussi très fort le feu de camp, j'imagine que nous sentions bien souvent la même odeur, celle qui fait que les gens vous évitent , changent de caisse ou de trottoir, comme si, ils avaient vu la misére, celle qu'on regarde de travers, pour moi rien de tout cela, ils sont comme un miroir à travers le temps, quand je marchais pieds nus, quand ma peau était de braise, quand le soir autour du feu, enfant, avec mes frères, dans les bras de ma mère, nous étions en voyage, nous écoutions, sages, les histoires des grands,comme des contes tendres et mélancoliques, de gens que la vie avaient cloué au sol, alors que leurs coeurs, eux, étaient toujours portés par le vent.

Aux heures les plus chaude de la journée, quand les baraques sont des étuves, le camp se vide, tous ou presque descendent sur les bords de la rivière, ils empruntent la rue du "chemin noir" et au bout d'une centaine de mètres ils descendent à l'aviron, c'est un endroit de fraîcheur ou la jeunesse, chatelleraudaise et des villages alentours, se retrouvent.

Il y a quelques années de cela, au milieu des années soixante, c'était un camping et une baignade réputée, il n'était pas rare d'y trouver des campeurs Allemand, Hollandais et Anglais, car à part, le fait d'être un jolie coin de verdure, arborés de platanes et de peupliers, c'est surtout un endroit aménagé pour la baignade et le sport nautique. Après ces années de gloire, on y trouve dans un hangar, désormait laissé à l'abandon et dont les portes ont été un peu forcées, tout ce qu'il faut pour aller sur l'eau, canoë-kayak, Pédalo, barque, planche de natation, ceinture pour apprendre à nager, brassard, bouée et gilet de sauvetage. au bout de l'allée centrale, on pousse le portail qui donne sur la baignade. Là, il y a un quai avec des échelles qui descendent dans l'eau, je les vois encore et elles me font peur, car elles se perdent dans l'eau noir et j'imagine un monde où le mystère n'a rien d'acceuillant, plein de sales bestioles, qui n'attendent que mes pieds, miniatures, pour se taper un festin de mon petit vingt-deux de pointure.

 

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A droite il y les plongeoirs, un, au niveau du quai, c'est une planche de bois qui s'avance au dessus de l'eau, puis une tour, avec pour les intrépides, la possibilité de se jeter de trois, six ou neuf mètres, plus loin, sur l'eau, les baigneurs peuvent rejoindre un ponton, certains font des aller-retour, du quai au ponton et du ponton au quai, ils se reposent et font bronzette et  reprennent leurs allés et venus, d'autres, plus téméraire, font la traversée de la rivière, fier de leur exploit, depuis l'autre rive, ils font de grands signes et s'époumonent de tout ce qu'il leurs reste de forces,  pour recevoir le geste de la main,  comme les lauriers, que l'on donne au vainqueur.

Pour les tout-petits comme moi, il y a, à quelques mètres de marches, l'ancien lavoir, le sentier est étroit, il file, sur la berge, entre les clôtures et l'eau, on s'y croise difficilement. le bac de ciment, lui, n'est pas très grand, il mouille sur un mètre de large, sur deux de long et sur quinze centimètres de profondeur, juste de quoi patauger, il n'y a aucune protection.

Quelques secondes d'inatention et me voilà aspiré par le grand miroir, je tombe et je ne vois que du noir, il m'oppresse et je m'enfonce, je ne peux plus respirer, puis je sens une nouvelle aspiration, cette fois ci vers le haut, elle m'a empoigné de toutes ses forces avec l'energie du désespoir, celle que l'on trouve au plus profond de soi quand on veut sauver sa propre vie ou celle de quelqu'un qui vous est cher, j'ai vu cette volonté, comme une puissance qu'illumine les yeux de celle qui vous a donné la vie et grâce à qui, je renaissais de nouveau.

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Je ne garde de cette noyade qu'une curieuse méfiance, un bateau encré sur la rivière de mon admiration, que j'ai, pour celle, qui toujours s'en va, alors que dans nos yeux, elle semble paisible et calme, comme un trait bleuté, pastel, que le peintre aurait posé là.

En descendant vers le sud, à quelques kilomètres, il y a le moulin à eau de Chitrée et son barrage du xv éme siècle et sur la rive opposé, une petite plage où nous allions nous baigner. Chitrée, c'est un nom qui résonne, comme celui d'une boisson gazeuse, un pétillant, un pchiit, que fait le gaz quand on ouvre la bouteille et qui déjà vous désaltère.

Pour s'y rendre, il faut traverser la campagne, Cenon, Chezelle puis la route de Vouneuil, ce petit bout de France, au beau jour, pour des enfants qui ne sortaient pratiquement jamais du camp, c'est comme partir en expédition. A travers l'ancien Haut-Poitou, prendre la route qui serpente à travers les plaines vallonnées, c'était un un moment de bonheur. Avant le village, il y a une ferme puis un petit chemin de terre où ne peut passer qu'une voiture, à l'époque, elles sont rare, il mène à une ancienne carrière, où il n'y a plus guère d'activité. Arrivée-là, il faut contourner le trou, resté béant, du chantier et prendre un chemin que la verdure ne cesse de vouloir s'approprier et enfin vous arrivez sur les bords de la rivière, calme et ombragé, l'eau y coule agité par le barrage tout proche, bousculée dans sa course, elle la suit inlassablement et reprend corps après quelques longueurs. 

 

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Juste après le barrage, il y a, ici et là quelques îlots comme autant de terrain d'aventure, nous traversions à gué, les pieds nus et nous nous sentions comme des naufragés, nous partions explorés les moindres recoins de ces bouts de terre émergé, où nous nous étions volontairement échoués, l'imaginaire faisait le reste. Parfois il fallait traverser de véritable torrent, pierre après pierre, poser un pied puis l'autre et nos jambes, pas plus grosses qu'une ficelle de boulangerie, semblait à tout moment vouloir céder. Arrivée sur nos endroits de paradis, notre explorations accomplis, nous nous trempions dans des flaques, d'eau dormante et chaude, à genoux, assis ou allongés. Nous pataugions tel des moineaux, puis le sable nous accueillait, nous nous séchions, les yeux fermés, au chant de la berceuse,  bouillonnante et répétitif, l'incessante symphonie de l'eau, que crachait le barrage, nous portaient jusqu'à la somnolence. C'est une furie, cette eau que l'on bouscule et qui s'enfuit, mais là, sur nos lits de cristaux, quand le vent dans ses cordes se jouait de ce fracas, de ce bruit, tout finissait  par se perdre dans nos rêveries.

 

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Le moulin de Chitrée était un endroit très fréquenté. Aujourd'hui, il est de nouveau et c'est tant mieux. A l'époque, les gens venaient ici surtout pour se détendre. Le dimanche, il y avait les habitués. La semaine en période de vacances, la fréquentation est plus hétéroclite, il se mêle aux habitués, ceux qui ne sont pas encore partis en vacances, ceux qui en reviennent et ceux qui n'ont pas pu partir, dont nous étions. 

Nous étions sans le sous, mais le bonheur ne s'achéte pas, il était tout autour de nous, comme un don fait à ce qui se contente de peu. Nous arrivions le matin, alors que l'air frissonnait encore de la nuit passé, chaque famille prenait sa part d'ombre. Nous, les enfants, nous allions vagabonder pendant que nos parents s'abandonnaient au liqueur qui est le ciment de la convivialité. C'est là, dans un songe déguisé en réalité que j'ai compris qu'il ne me servirait à rien d'être un prince ou un roi et que le trésor que l'on porte en nous, n'est magnifique que si, on peut le voir briller dans les yeux de ceux qui nous sont chers. 

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Parfois je laissais là, ma famille et je partais, l'âme mélancolique, avec ma petite chienne, Tickini, qui vient du mot gitan tikni, qui veut dire petite, ce n'était pas encore une dame âgée et c'était ma meilleure amie, je lui parlais comme je vous parle, elle semblait me comprendre et je croyais à son regard, il était le réconfort et l'amour que l'on donne a ceux qu'on aime et cela même quand il ont tort.

 

 

je la regardais tout en lui parlant,

- je ne sais pas pourquoi les autres ne veulent pas de moi, ils disent que je suis trop petit, tu trouves que je suis trop petit, toi tikinie, puis je m'arrétais de marcher en finissant ma phrase, alors elle s'arrétait aussi et elle me regardait à son tour avec son air de clown triste qui ne la quittait jamais, cela me rassurer de savoir qu'il y avait plus triste que moi, je suis sûr, qu'elle le faisait exprès pour me soulager de me sentir si mal aimé.  L'enfant à cela de précieux, tant qu'on ne lui raconte pas d'histoire et qu'on le laisse découvrir le merveilleux, il se compose un monde où chaque instant à sa majesté, fragile et beau comme un poème, il se décline entre réalité et irréel, tout est question d'intériorité, avant que, mais la suite vous la connaissez déjà, ce n'est pas l'enfant qui se perd, c'est la réalité qui finit par le retrouver...DSC_0127 (2)

Je rêvais de découvrir le monde, autant commencer par après le barrage, là où je n'avais pas le droit d'aller, là ou l'eau est noire et profonde, là où, je le croyais, nulles enfants ne s'aventuraient. Je partais à l'aventure, je remontais le cour de la rivière et tout était prétexte à la découverte,  un oeil sur l'infiniment petit, un défilé de fourmi ou un escadron de gendarme et je mettais les genoux à terre en prenant bien garde de ne pas les écraser, j'observais leurs aller et venu sans en comprendre le pourquoi, je leur tendais une brindille et elles embarquaient sur mon vaisseau, je mimais un bateau sur une mer déchaînée dont les passagers déambulaient de haut en bas, de gauche à droite et vice versa, selon la position de mon navire, puis je reposais le morceau de bois quand mes passagers, tentés de prendre la fuite tout en remontant le long de mon bras.

 

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Tickinie et moi avons repris notre chemin, nous marchions le long de la rivière et je continuais à lui parler, elle savait mes tristesses et ma peine de ne pas pouvoir partager les jeux des plus grands, je me sentais délaisser, rejeter, mais je ne pleurais jamais, déjà fier, je préférais m'en aller et ne rien montrer, je finissais même par aimer cette douleur, la solitude, la sensation de n'être, au milieu de tous, qu'avec soi-même, . Au milieu de nulle part, j'aurais été seulement perdu, mais personnes, ni ma mère, ni mon père, ne prenaient ma défense. Blessé, je ne me sentais ni suffisamment beau, ni suffisamment grand, ni assez fort, je finissais par avoir l'impression de ne pas être pas à ma place, je ne pensais qu'à une seule chose, fuir et rester seul. Dans ses moments là, je ne voyais du monde que le spectre qui jaillissait de mes blessures. A fleur de peau, je vous soupçonnais tous d'avoir quelque chose à me reprocher, dans la fuite, nulle ne me juger et j'en arrivais à aimer ma douleur, comme si le bonheur était là...

Loin de tout, mais pas tranquille, je ne percevais de vous là-bas, que des rumeurs. Qu'ai-je donc bien pu faire pour mériter cela. Que mon coeur est lourd, quand votre amour est sourd. Je me sens comme le petit prince qui a perdu sa rose, mais je ne suis ni un prince, ni ne sais à quoi ressemble ma rose. Au bout d'un moment, je finis par m'assoir près de l'eau, je m'y regarde et elle emprisonne mon image. J'y lance alors deux ou trois brindilles pour les voir s'éloigner, je les suis un instant puis je regardais tikini, elle me donne deux trois coup de museaux, très doux, sur le bras, pour me faire comprendre qu'elle voulais se blottir contre moi.

Alors, je lui dis,

-Comme on est bien là, tous les deux et comme la nature est belle et cette eau qui s'en va doucement, ce n'est jamais la même, tu sais. Il y en a toujours qui arrive, elle s'en va loin loin, jusqu'à la mer, je crois!

Après un silence, une voix douce et tendre, me dit: 

- J'ai jamais vu la mer, tu l'as déjà vu la mer toi?

- Non, jamais, répondis-je. Je ne fus pas surpris, car je ne m'y attendais pas, puis mon coeur se mit à taper fort et je pris peur.

- Qui est ce, qui est là?

- C'est moi, n'est pas peur;

- Toi, tu, mais tu, mais tu, parles, je ne savais pas que les chiens pouvaient parler, enfin, je veux dire comme nous.

- Oui tu vois, je parle! mais on ne s'adresse qu'à ceux qui ont le pouvoir de nous entendre et de nous écouter.

- Le pouvoir, j'ai donc un pouvoir, moi?

- Oui, beaucoup d'enfants ont se pouvoir, celui de voir ou d'entendre, de comprendre des choses que les adultes, eux, ne peuvent plus percevoir, quelques vielles personnes retrouvent ce don et puis en ne s'adressant qu'à eux et en prenant toutes les précautions, nul risque d'être découvert, qui croient les enfants ou les personnes âgées...

- Oui, c'est vrai que l'on ne nous croit jamais!

- Mais toi qui ne parle jamais, tu n'aboies même pas d'ailleurs ou si peu, mais tu es là, tu entends tout, tu vois tout et tu restes sans rien dire et pourtant tu dois en connaître des secrets, pourrais-tu me dire pourquoi,

Elle ne me laissa pas finir ma phrase.

-tu crois que personne ne t'aime,

ho! ils en aient bien d'autres, qui se sentent ainsi délaissées et qui restent seul comme pour jouir sans la partager de la plus grande des pauvreté, n'avoir personne à qui se confier!

-il faut que je te raconte une histoire, pour pouvoir te répondre, d'une histoire naît toujours le savoir et du savoir naît un nouveau regard, cette histoire c'est celle d'un petit arbre qui se sentait délaissé, à l'écart, mal aimé, si tu préfères.

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j'ouvris grand mes yeux et mes oreilles pour voir et entendre mon animal me parlait et elle commença ainsi:

Il était une fois, un jeune arbre dans une forêt luxuriante, qui ne grandissait pas ou plutôt plus. Il ne comptait que deux branches, comme deux petits bras qui s'élevaient timidement vers le ciel. Il était fragile, frêle et au printemps, il ne s'arborait que de pales et timides feuilles, qui d'ailleurs le quittaient bien vite. Les années passées et d'elles, sont tronc toujours fluet ne semblait pas profiter. Le petit arbre restait silencieux, esseulé, dans son coin et le bruit courra la forêt qu'il pouvait être malade. Ses congénères s'inquiétérent bientôt de son état et les vieux chênes, sage parmi les sages du monde boisé, se réunirent, ho! sans bouger leurs racines, quand le plus vieux des chênes pose une question, les chênes font la chaîne, il se pose la questions de chêne en chêne, ils se concertent pour proposer la meilleur réponse aux plus vieux des vieux chênes.

-Qu'à t'il ce petit arbre demanda le châgnes,

la questions posée, les arbres se la transmirent, elle courra de branche en branche, jusqu'au bout de la chaine, ne pouvaient répondre que, ceux qui pouvaient répondre, et la réponse revenait au vieux chêne:

" un tronc de bois, deux branches et une feuille sur chaque branche"

- quoi?

l'ancien rentra dans une colère à en perde ses feuilles.

- Mais c'est pas possible, vous perdez la sève par le tronc ou quoi ou y a un maillon de chêne qu'est cassé, mais qu'est-ce qui m'a mis des glands pareils, je le sais qu'il a du bois des branches et des feuilles, puisque c'est un arbre comme vous et moi, même s'il n'est pas touffu, moi je ne suis pas tout fou, cela malgré mon âge, ce que je demande c'est: pourquoi il ne grandit pas?

alors le jeune chêne envoyait par les autres répondit:

- c'est un pleureur

- un saule, tu veux dire ! répliqua l'ancétre

- non, un triste je veux dire !

- ha! bon, j'aimerais bien savoir ce qu'il a dans les branches, je le sens comme fendu et ca me scie. Envoyer leblanc pour le questionner.

- Mais pourquoi Leblanc?

-parce que c'est sont boulot! J'aurais bien envoyé marron ou châtaigne, mais cela risque de mal finir.

Alors le bouleaux blanc alla voir le petit arbre et lui demanda:

-pourquoi restes tu si petit, ne veux tu pas grandir. Aussi, à ce que je vois, il n'y a pas grand chose qui t'agite, avec deux feuilles, c'est difficile et tu n'es pas l'arbre qui cache la forêt, c'est le moins qu'on puisse dire, mais dit moi ce qui ne va pas?

le petit arbre fût surpris de cette soudaine marque d'attention et il ne sut pas trop comment y répondre, à force de se parler qu'à lui même, il manquait de mots, pour dire à d'autres, autrement que par des poèmes, qu'il déclinait en regardant le ciel, toute l'étendue de sa peine.

ha! dit-il doucement, c'est le vieux chêne qui t'envoie! je ne sais pas trop quoi te dire, si ce n'est que je n'ai que peu de feuilles pour pouvoir parler avec le vent, si peu de branches pour que les oiseaux viennent y chanter et trop peu d'ombre à donner, pour qui voudrait, à mes pieds, se reposer, un peu.

- ho! attend, je ne suis pas venu là, pour me faire tronçonner le moral, hein!

-excuse moi, je me suis laissé emporter, comme feuille morte, que le vent ferait voyager et...

-ho,ho c'est rasant, tu me sembles un peu plier!

-ha! marrant, je ne suis pas un peuplier, je suis un chêne pédonculé.

- pardon! pédon quoi!

- d'accord, même toi tu es venu te moquer de moi.

Le boulot reprit alors, taquin, 

- tu ne vas pas me mettre un pin quand-même, t'es pas un sapin et il se mit à rire.

alors le petit arbre, sembla baisser les branches et dit:

-j'ai cru que je pourrais te parler, mais je vois que tu es comme tous les autres et sur ces mots, il sembla se recroqueviller de plus belle.

- je vais aller dire au vieux chêne que tu ne veux rien dire, que tu ne veux rien savoir, pire que tu ne veux rien entendre, eh, pi c'est ha! ha ha ha!

le bouleau blanc partit, le petit arbre regretta de ne pas avoir sû dire ses peurs, il était amer et plein de peine, d'avoir été autant à fleur de tronc, peut-être un jour quelqu'un reviendra t'il, et alors, il pourra lui ouvrir son petit coeur, de petit chêne?

Quand le bouleau blanc rapporta, à sa manière, au vieux chêne, sa vérité, ni vraiment vrai, ni vraiment fausse, ni tout clair, ni tout à fait limpide, l'ancêtre dit:

-Laissons-le, laissons le petit arbre, surveillons le de loin et s'il venait à dépérir plus gravement, il faudra intervenir, mais pour l'instant, nul ne peut changer l'humeur de quelqu'un, si près de lui, soit t'il, s'il ne le souhaite pas, non!

-Le coeur a cela de mystérieux et d'extraordinaire, il est si léger et si tendre et pourtant quand il vous ferme sa porte, pas plus épais que le voile d'une fée, toutes les armées du monde ne pourraient y pénétrer.

-conifère! dit le vieux chêne, l'air songeur.

-pas grand chose, franchement, j'en sève rien! dit le bouleau blanc.

 

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Le temps passa, un hiver, un printemps, un été puis un automne et le cycle des saisons passa encore et encore, autour du petit arbre, plus rien ne poussait et il se sentait de plus en plus seul au milieu de tous. Autour de lui semblait se dessiner une clairière que personne ne semblait vouloir partager, puis une nuit, à la fin de l'été un orage éclatât, ce fût un désastre, Il n' aura suffit que d'un arbre, un peu desséché pour que la forêt s'embrase et ne laisse au matin qu'un champ de braise encore fumant,tout n'était que désolation,même les vieux chênes, pourtant plus que centenaire, n'étaient plus que cendre, seul le petit arbre au milieu de sa clairière, avait été épargnait par l'appétit de l'orgre incendiaire.

C'est alors qu'un oiseaux vient se poser sur l'une de ses branches.

-Que t'arrive t'il l'oiseau, personne ne se pose jamais sur moi.

- Oui je sais, mais aujourd'hui, je n'ai pas le choix

- Ne vois-tu pas, que je ne dois ma survie ,qu'à ma soit disante méchanceté et à la méchanceté des autres. De moi, ils se sont éloignés et c'est à cela, que je dois de ne pas être brûler!

-Comme tu y vas fort et comme tu te trompes.

-Comment cela, ils ont tout fait pour que je sois seul et me voilà vraiment seul, maintenant.

-Bien au contraire, ils ont pris soin de toi, comme tu avais l'air frêle et malade, ils se sont écartés pour ne pas te cacher la lumière, la vie, ne le sais tu pas, est là où la chaleur pénètre jusqu'au sol.

-Pfeu! leurs branches me cachaient quand même le soleil.

-Oui ils les avaient  laissé s'épanouir, juste assez pour que tu ne puisses pas te dessécher et pour déposer à tes pieds, l'eau et la pluie, qui, pensaient ils, te serait bénéfique et qui leur a peut-être manqué.

Le petit arbre après un long silence dit alors à l'oiseau.

- Comment ai-je pû être aveugle à ce point et aussi méchant, aussi têtu, où il y à la lumière, il y a la vie,où il y a l'eau, il y à la vie et moi qui me persuadait que pour tous, je n'existais pas.

et l'oiseau reprend :

-Et oui, on perçoit souvent les autres, comme on est soi-même, alors qu'il ne suffirait de pas grand chose pour s'appercevoir, que l'amour ou l'amitié ne s'exprime par forcément que par la douceur, il faut savoir, parfois, avoir un peu de recul, ou de hauteur, faire preuve d'humilité et pardonner les petites offenses qui n'en sont pas tout à fait, ce sont quelques fois  des marques d'intérét que l'on nous porte, mais qui sont peut-être, maladroites ou mal exprimés.

-oui, c'est vrai dit le petit arbre, je n'ai apporté que ma rancoeur et ma mauvaise humeur, je n'ai rien donné, car je pensais ne rien recevoir alors que j'avais l'eau qui est la vie et le soleil qui est son sourire. Que puis-je y faire maintenant qu'ils ne sont plus là?

-Tu peux rendre à la forêt ce qu'elle t'a donné et grâce à toi elle renaîtra de ses cendres, elle foisonne déjà sous la noirceur. Tous ont besoin de toi, comme la fourmi ou l'abeille a besoin de la fleur, la forêt a besoin de toi et demain, le futé, l'arbre caduque, le mileau, le bourdon, le renard, l'épervier, le buisson ardent, la fleur de venus, le sanglier, le chevreuil, les frelons, les lucarnes et tout les autres insectes, animaux et végétaux, vivront grâce à toi, la nature reprend toujours le dessus, quoi qu'il arrive, elle s'adapte et se renforce, elle s'épanouie et imperceptiblement, il suffira d'un arbre qui se dresse vers le ciel, pour que l'oiseau revienne, puis deux puis trois et les fleurs à leur tour, refleuriront  et c'est un équilibre nouveau, plus fort que le précédent, qui grâce à cet arbre renaîtra. Cet arbre, c'est toi. Cet arbre, c'est l'arbre de vie.

J'entendais encore et encore cette dernière phrase, elle résonnait dans ma tête. Elle était comme une voix, que je percevais comme dans un rêve, lointaine et secrète. C'était comme une respiration, lente et tranquille. Apaisé, je me laissais porter par cet état de clarté et les mots me revenaient "l'arbre de vie, comme on est soi- même, on perçoit les autres". J'étais ce petit arbre, seul au milieu de tous, replier sur moi même, égocentrique, le monde pensais-je tourner autour de moi, je ne voulais pas grandir et pourquoi faire, j'étais un enfant blessé, comme une ombre et je ne voyais de la vie que sa transparence, personne ne pouvait me guérir si ce n'était moi et il n'aura fallu qu'un songe, comme un arc en ciel pour que m'apparaisse les couleurs qui se cachent dans la lumière comme l'amour nait de l'amour et jaillit du fond des coeurs. 

Extraordinaire et souvent révélateur, un arbre qui ne veut pas grandir, des vieux chênes, comme des vieux sages, un bouleau-blanc plutôt taquin et enfin un chien qui parle, j'aurais dû me douter que ce n'était qu'un rêve, mais je n'étais pas déçu, une fois éveillé, j'étais dans les bras de ma mère

-T'es là! lui dis-je

-Oui, tu veux que je sois où!

- Et tikinie, elle est où?

- Elle est là, comme toujours, elle ne te quitte pas, tu étais endormi au soleil, tu risquais l'insolation, alors je vais te mettre à l'ombre, sous le grand chêne.

Je me blottis un peu plus contre elle, elle me caresse le front, l'embrasse et me dépose sous le sage,

- Tu as soif, me demanda- t-'elle

- Non, répondis-je

- Je retourne là-bas alors, appelle si tu as besoin.

elle fit quelques pas,

-maman!

elle se retourna, me regarda attendant mes mots,mais après un instant je lui dis : non rien!

elle reprit sa marche et après quelques pas se retourna de nouveau, elle souriait comme si, ce que je ne lui avais pas dit, lui avait rempli le coeur et elle me dit:

-moi aussi!

elle s'éloigna de nouveau et je me retrouvais seul avec tikinie.

Elle haletait, comme à son habitude, puis elle ferma la gueule et j'eus cette impression, que j'exprimais à haute-voix:

- mais, mais, tu souris!

elle aboya, se pressa sur moi et me fit quelques léchouilles si gracieuses que  je dus m'employer de toutes mes mains pour me séparer de toute l'épaisseur de cet amour, comment dirais-je, un peu baveux.

L e petit arbre n'était plus, dû moins, celui qui ne voulait pas grandir, ni  la forêt de mes songes, qui n'était plus que cendre, comme la fin qu'on croit être la mort, mais rien ne meurt jamais, la nature interagit, elle ne se renferme pas sur elle même, elle ne se replie pas sur elle même, elle ne calcule pas, elle est confiante et sûr, elle ne connaît pas le doute ou la peur, ce qui lui évite d'en désigner de soi disant responsable" comme on est soi- même, on perçoit les autres" j'avais changé car nous sommes comme la nature qui n'a besoin que d'une graine, comme je n'ai eu besoin que d'un rêve, pour que l'arbre lance ses branches vers le ciel et participe à cette aventure merveilleuse que l'on appel la vie.

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fin  

franck ad 2015 

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Commentaires
S
Que dire, de plus que se qu'on a déjà dit tout simplement de l'art mur pral et du grand monsieur je vous le dit.
Répondre
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