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casecoeur
8 novembre 2014

Casecoeur le fugueur précoce part IV: Le magicien

 

Quand on est un enfant, de surcroit de quatre ans, le danger n’existe pas, s’il est là, on ne le mesure pas, on ne le calcule pas et si la peur s’installe parfois elle est comme une alerte qui se manifeste sans que l’on sache vraiment trop pourquoi, notre seul peur, en fait c’est la peur, elle-même!
Mon aventure touchait à sa fin et même si j’avais pu m’échapper des herbes folles et des griffes de l’homme bizarre, bon! même si à vrai dire, je n’avais pas eu à lui échapper, vu qu’il venait de me laisser, bouche bai, l’œil hagard avec son histoire d’enfant, de chevalier boucher et de renard qui réglait leur compte au fond du terrier ! une histoire à dormir debout, avec un balai dans un placard, au fond d'un couloir, je le savais, j’étais à la croisée des chemins, soit je repartais d’où je venais, je rentrais dans mes pénates, sans passer par la piste, savane arborée. Soit je continuais, étanchant ma soif, insatiable, de curiosité, repoussant la peur, indigène à mon corps, invention de moi-même, dont ne tient pas compte l'enfant qui de nature aime l'aventure, initiative saine, qui tisse l'éttofe que l'on porte, dans le, moi, la confiance et l'estime de soi.
Mais malgré cela, le courage fuyant, je du rattraper et rassurer et n’écoutant que ma petite voix, il s’empara de moi, n’étais-je pas sorti de la forêt de Gilles qui avait brulé, non pas elle, mais lui, donc, je ne risquais rien!
De l’époque dont je vous parle, du camp d’après-guerre il ne reste déjà presque plus rien, là où je me trouvais ce jours-là se trouve aujourd’hui un espace de jeux pour enfants près d’un terrain de basket, en regardant vers le nord je pouvais voir l’école primaire, entre elle et moi, un terrain vague qui accueille quelque fois un cirque ou quelques caravanes de gens qui ne reste jamais longtemps, en regardant plus bas sur ma droite, après la route qui monte sur la N10 d’autres baraques encore, dont celle de mes parents, à la place maintenant, c’est une maison de retraite, il n’y a qu’au sud, adossé à la rue JACQUES CARTIER que quatre rangé de cet habitat de bois semble encore ignoré l’avenir cimenté qui finira par le grignoter.
Au dernier baraquement, il y en avait un qui n’était pas prêt de s’enfermer dans ce genre de clapier, c’est mon grand-père. Il en a connu des baraques et avec moins de liberté, mais là où ils vivaient tous les deux, avec ma grand-mère, rien n’aurait pu leurs faire quitter ce terrier, à part cette saloperie de fatalité.

Les dernières années au baraquement


Je décidais donc de leur rendre une petite visite, mais au lieu de prendre le chemin le plus court, l’aventurier pris soins de serpenter entre les habitations, sorte de petite visite guidée !
Devant le premier baraquement, écrasait de soleil qui est maintenant bien levé, je ne rencontre personne, tous semble inanimées, je ne sais pas pourquoi, mais je n’y traine pas, on ne sait jamais! Je continue à suivre l’allée creusait par l’habitant, car ici, aller et venir est fréquent, personne ne reste chez soi, tout le monde va chez tout le monde, ses maisons de bois c’est comme des roulottes qu’on ne peut pas déplacer, mais l’esprit est là, celui des gitans, ou plus précisément des manouches ou autres tribus tsigane, il y a aussi quelques immigrés et des français, sans le sous, des ouvriers qui ne peuvent même pas prétendre appartenir aux populations précédemment cité, mais cela n’est pas grave le gadjo et la gadji sont toujours adoptée, même si la réciprocité n’est pas toujours vrai, ici on est tous frère, même si des fois ça tourne à l’eau, au calcaire, l’amour c’est parfois vache ça mérite un cadeau, il arrive que ce soit avec un coup de couteau, de face c’est courageux mais c’est sadique, voir Salo, dans le dos c’est plus rigolo, c’est une image, Heureusement c’est très rare car malgré ce que beaucoup peuvent penser le gitan est civilisé.
L’extérieur des baraques, c’est vrai, laissent à désirer, mais l’intérieur n’a rien à envier aux appartements des bâtiments qui sont juste à côté, certains sont passés maitres dans l’art de la décoration et je ne vous parle même pas de la propreté, d’aucun aujourd’hui pour ne pas les nommer ferait bien de s’en inspirer.
Les gens d’ici sont souvent accusés de vol et c’est vrai qu’il y en a des voleurs, mais quel misère n'en a pas. C’est vrai aussi que certains ont exagéré des emprunts, inopportuns, qui ne correspondaient pas toujours à leurs besoins, je veux dire vitale, ceux-là ont déshonoré la communauté et lui ont fait du mal mais, Des voleurs, comme le dit un des fils du vent, des voleurs il y en a partout et quand je dis partout, c’est partout, et je rajouterais: il y en a qui vole des cachous et il y en a qui sont autorisés à voler, mais là, on parle de gros sous, heu ! nos sous….
Après, tout est histoire de dignité, mais qui peut le mieux se regarder dans la glace sans dégueuler, un manouche ou un banquier? Allez ne soyons pas manichéen, ni vindicatif, les défauts ou les qualités de chacun ne peuvent pas être attribué comme ça à l’une ou à l’autre partie de l’humanité.
Tout en continuant bon bonhomme de chemin, j’aperçus une de mes tantes, qui surprise de me voir passer seul, s’approcha de son portail pour m’interroger, mais à peine avait-elle ouvert la bouche que plein d’aplomb, le visage relevé avec un sourire de bananier, je lui dis sans m’arrêter de marcher
– c’est maman qui m’a dit que je pouvais, plus loin encore d’autres voisines surprises et inquiètent elles aussi de me voir non accompagné, semblaient vouloir me questionner, mais je ne leur en laissais pas le temps et avec ma tête du petit gars bien rassuré pour les rassurer elle-même je récitais mon refrain :
-c’est maman qui m’a dit que je pouvais ! Je n’étais pas à deux cent mètres de chez moi, seul pour la première fois et sans un grand avec moi, que la liberté aidant, j’avais déjà dit plus de mensonges en quelques instants que depuis le jour de ma naissance, c’était consternant !
L’important c’est que je savais où j’étais, encore un dernier lasser et je pourrais me réfugier auprès de quelqu’un que je connaissais, à un endroit où j’avais l’habitude d’aller.
Arrivé là, l’ombre entre les baraques m’apaisa un peu car même si je voyais la fin de mon voyage, tant de marche, de mensonge et de liberté commençait vraiment à me fatiguer, puis en levant le regard vers ma destinée, je fus vite réconforté, il était là, lui, le conteur, farceur, charmeur, enjoliveur de tout et de rien, badin, pour nous autres espiégle et gamin il était comme un magicien, il était là, au coin de la cour, à l’extérieur, le regard rivé sur son prunier, il se badigeonnait de la chantilly sur le visage et sur le nez, avec un truc poilu, dont j’appris plus tard le nom, le blaireau. Il avait fixé sur l’arbre une glace et profiter de son cabinet d’été, quand tout à coup il porta le regard sur moi. J’étais là, planté près de lui à le regarder avec la peur qu’il me sermonne, mais il ne sembla pas surpris, c’est à peine s’il prit le temps de me voir ! IL retrempa l’animal dans un bol d’eau clair, qui aussitôt se changea en lait, puis il le laissa la tête dans l’eau comme si la bête avait eu besoin de s’abreuver.

un père et son enfant


Il se mit à me dévisager, comme pour tout souligner, comme un roulement de tambour, avant que le magicien fasse son tour, pour m’impressionner, là, tout en me regardant, il sortit de sa poche un objet brillant, couleur argent, comme il était beau, il le regardait, comme si lui-même était subjugué par sa beauté, et d’un coup sec du poignet qui me fit sursauter, l’objet s’ouvrit en deux, cela ressemblait à un couteau et la lame était comme l’eau, que caresse le feu scintillantte au soleil d’été. Il hocha d’un coup la tête en arrière et offrit son cou à la lumière, il jouait des yeux pour me surveiller et du sourire à peine masqué, entre lui et moi, à cet instant, il y avait ni magicien ni spectateur médusé, non, mais un moment rare ou l’on pouvait presque toucher du bout des doigts la complicité, un sentiment presque charnel que je ne sais toujours pas expliquer.
Promenant la lame sur son visage, le geste allant de haut en bas et de bas en haut il retira sa toute nouvelle barbe blanche, pour la faire tremper, couche après couche, dans le bol de lait qui finit par s’épaissir et commença à ressembler à de la crème fouetté. Les joues lisses et rouges il me regarda encore en souriant, puis il essuya le coupe-chou encore plein de crème sur une serviette qui était posé là et au moment où je m’y attendais le moins, il la fit claquer, comme un coup de fouet, pour libérer la mousse qui se mit à flotter, tout autour de moi.
Le magicien venait de finir son numéro et cette mousse c’était le lapin qui venait de sortir du chapeau. Emerveillé Je levais les yeux au ciel pour voir fondre cette neige, qui je ne le savais pas encore, resterait en moi en un souvenir éternel.

Avec les enfants


Quand je suis redescendu des sommets je plongeait de nouveau mon regard dans le sien, il me regardé tout aussi emmerveillé, d'avoir put faire respiré de moi, le bonheur simple, l'amour et sa beauté, puis son visage s'assombrit soudain, alors je compris que le spectacle toucher à sa fin.
Son regard se portait derrière moi, sur le chemin, et j’eus une vision, j’en ai eu dans ma vie, ho, rien de liturgique, pas de miracle, du moins pas de flagrant, mais sentir le danger se rapprochait et sentir la peur montait, jusqu’à en être tétanisé, c’est une sensation que je n’oublierais jamais, c’est ma mère qui se rapprochait d’un pas décidé.
Elle s’arrêta près de moi et par reflexe je fermais les yeux, geste inutile par laquelle on croit se protéger, mais qui ne protège pas, on ne voit tout simplement pas venir ce qui risque de vous tomber sur le nez, mais à ma grande surprise rien de tout cela, elle m’empoigna fermement et sans mots dire nous reprîmes le chemin du retour à marche forcée. S’en était fini de l’aventurier, de la cité perdu de Palenque, des herbes folles et des histoires de renard’ hier. Je m’éloignais du magicien qui faisait naître les barbes, changeait l’eau en lait et qui faisait, avec de la mousse de beaux nuages blancs qui disparaissaient, au loin, avec le vent.

Roger un pépé farceur

Ah, si j’ai eu le droit à un dernier numéro, le coup de pied aux fesses, loin de tout regard et en toute intimité, la suite je ne sais plus très bien, je me revois dans la cuisine, le nez dans mon bol café, je sens encore le gout de mes larmes, mais sans le gout du regret et ce n’est pas le ricanement de mes frères à peine étouffés, qui ne pouvait me faire regretter, l’aventure et ce petit coup de pied, donné comme une petite fessée que chaque parent devrait à dose sentimentale savoir administrer, c’est pas la peine de se dire des poèmes, ça fini par sonner faux, c’est rengaine, je n’ai jamais entendu ma mère me dire ces mots et d’ ailleurs ce n’était pas la peine, mais mieux que n’importe qui, ce matin-là, elle a su me dire je t’aime.

ma maman



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